Elie SETBON

1893 - 1944 | Naissance: | Arrestation: | Résidence: ,

La vie inachevée d’Élie Gaston SETBON

par Danielle Laguillon Hentati

Portrait, source PAVCC-SHD

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Il faisait du génocide une histoire entre Juifs. Cela m’a beaucoup frappé. Si on tue les coiffeurs, est-ce que cela concerne seulement les coiffeurs ? Si on tue les chauffeurs de taxi, est-ce que cela concerne seulement les chauffeurs de taxi ? Un tel crime est-il seulement l’affaire des victimes et de leurs descendants ? Cette mémoire ne doit-elle pas être collective ?[1]
 

L’histoire d’Élie Gaston Setbon ne s’inscrit pas dans la durée. C’est une vie d’homme qui n’est pas arrivée au crépuscule de la vieillesse. Une vie tronquée, victime des lois raciales de Vichy et de la persécution nazie.

En temps de paix

Élie Gaston naît le 19 août 1893 à Tunis[2], capitale de la Régence placée sous protectorat français depuis 1881. Son père, Raphaël (vers 1863 – 1928), est un négociant établi au n°51 rue de l’Église, en plein cœur de la médina de Tunis[3], comme l’était son père Élie de Raphaël ; sa mère est Julie Samama. La voie d’Élie Gaston est donc toute tracée ; après ses études, il entre dans le négoce.
Si les Tunisiens israélites continuent de jouer un rôle dans l’économie traditionnelle de la cité, ils jouent surtout un rôle de plus en plus important dans l’économie moderne[4]. Ouverts sur le monde, à l’affût des innovations, ils prennent alors une part active dans le commerce d’exportation comme dans le commerce d’importation. Élie Gaston s’insère donc dans un réseau d’échanges entre Tunis et Lyon, dans le sillage d’autres commerçants israélites de la Régence.

Lyon, une plaque tournante

Depuis la première moitié du XXe siècle[5], Lyon est une plaque tournante qui alimente une dynamique migratoire entre le Maghreb et la capitale des Gaules et qui représente un centre incontournable d’échanges commerciaux du fait de sa situation de carrefour géographique, de l’abondance des capitaux et de la qualité de sa main d’oeuvre. Ville de transit favorisée par son réseau ferroviaire, la capitale rhodanienne attire les négociants juifs de Tunisie, comme les Boccara implantés depuis le début du XX° siècle[6].
À la veille de la Seconde Guerre mondiale, la présence juive en France que l’on peut évaluer de 300 000 à 330 000 personnes, représente 0,73 % de la population française. Répartis majoritairement entre Paris et ses environs, l’Alsace et la Lorraine, ils sont également présents dans l’agglomération lyonnaise. Le recensement de 1936 permet d’établir que 6 000 à 7 000 Juifs vivent dans l’agglomération, dont 4 000 à Lyon intra muros, notamment dans la Presqu’île, tandis que 2 000 à 2 500 Juifs se sont installés à Villeurbanne[7].
Les quartiers où ils s’installent sont cosmopolites. C’est donc dans une cohabitation qui leur offre travail et sécurité républicaine qu’ils vont se sédentariser.

En somme, au moteur économique de l’émigration se sont ajoutées d’autres logiques : solidarité agissante des primo-arrivants, proximité familiale et entre-soi communautaire qui rassure ceux qui arrivent et l’administration française qui les accueille.[8]

Lorsqu’il s’établit à Lyon en 1928, Élie Gaston Setbon est un négociant en vins dont la représentation générale est située au n°8 rue des Tanneurs à Tunis, hors de la médina et dans le quartier européen, c’est dire qu’il a commencé une ascension sociale certaine.
Cette année 1928 marque un tournant dans sa vie ; en effet, il s’établit définitivement en France. Il est domicilié à Lyon au n°262 rue de Créqui ; il prend la nationalité française, en vertu de la loi du 10 août 1927 assouplissant l’accès à la naturalisation ; enfin il se marie.
Après avoir établi un contrat de mariage le 3 août 1928 par devant Maître  Pierre Antoine Marie Lavirotte, descendant d’une lignée de notaires à Lyon, Élie Gaston épouse le 11 août[9] Maria Francine Regard. Elle est née le 15 décembre 1900 à Lyon, où venaient de se fixer ses parents, tous deux natifs de Savoie ; son père, Joseph Claude (1876 – 1919[10]), est maréchal ferrant, sa mère, Marie Maillet (1879- ?), confectionneuse. Leurs témoins sont Ubaldo Consolo, employé, et Isaac Ben Mussa, fabricant de soieries.

L’économie lyonnaise à la veille du conflit

Durant les années trente, l’économie lyonnaise est en pleine mutation. L’industrie traditionnelle du tissage de la soie finit de s’effondrer, la crise de 1929 ayant porté un coup fatal à un secteur largement affaibli par les changements d’habitude de sa clientèle et les nouvelles concurrences internationales. Remplaçant ce secteur, celui du textile artificiel, la rayonne, a pris une grande importance dans l’aire urbaine lyonnaise.
En revanche, Lyon a largement diversifié son parc industriel et possède de nombreuses entreprises de grande dimension, comme les usines Berliet, les sociétés C.G.E. et la Société industrielle des téléphones qui viennent de s’unir pour créer la plus puissante câblerie de France, les sociétés d’industries lourdes locales connaissent un regain de vigueur en 1938 avec les commandes d’armement, les usines chimiques, notamment avec Saint-Gobain et Rhodiacéta.
Dans le domaine du transport, Lyon est un centre d’échange ferré français majeur. Perrache, la principale gare, connaît un trafic de 180 trains en moyenne par jour. En 1938, plus d’un million de tonnes de marchandises sont passées par les gares ferrées lyonnaises, et 700 000 tonnes par les gares fluviales, surtout via la Saône.
C’est dans ce contexte très favorable qu’Élie Gaston augmente, en juillet 1929, le capital de la Société en commandite simple « SETBON & Cie » de 300 000 à 400 000 francs, associé en nom collectif et divers commanditaires – Société ayant pour objet le commerce en gros des vins avec siège social à Lyon quai Saint-Vincent n°2 bis.
Il habite non loin de là, au n°15 quai de Serin (aujourd’hui Joseph Gillet) sur la rive gauche de la Saône à Lyon. C’est un quartier tranquille, socialement mélangé[11] : des cadres (ingénieurs et dessinateurs), mais aussi des artisans, employés, ouvriers et manœuvres. Cosmopolite, le quartier comprend essentiellement des Français, mais aussi des natifs d’Italie et de Russie, ainsi que quelques personnes originaires d’autres pays européens (Belgique, Suisse, Espagne, Lettonie, Pologne) et du Maghreb (Algérie et Maroc).
Le couple va avoir deux enfants : Nicole Juliette (1929 – 2008) et Daniel Raphaël José (1935 – 2010). Élie Gaston fait le choix d’une intégration volontaire, donnant aux enfants des prénoms ʺordinairesʺ, les envoyant à l’école de la République.
Français parce que vous consentiez librement à vous sentir le légataire d’une histoire, le dépositaire des valeurs de la République et le porteur d’un avenir à construire ensemble : le droit du sol devenait en quelque manière un droit d’adhésion.[12]

En temps de guerre

Quand la guerre éclate, Élie Gaston, comme beaucoup de ses coreligionnaires, ne quitte pas Lyon, à la fois ville refuge et centre du judaïsme français[13], mais qui va se transformer en piège. Le sort des Juifs du Maghreb se confond avec celui de tous les Juifs en France métropolitaine et dans les possessions d’Afrique du Nord[14] à cette période.
Dès l’automne 1940, Lyon a appliqué minutieusement la politique antisémite de Vichy. Cette politique d’État est relayée en 1943 par l’activité de la Gestapo et de son chef, Klaus Barbie. Les arrestations massives et les rafles opérées par les Allemands à partir de février, soutenues par leurs séides français comme Paul Touvier, réduisent l’espace de survie de la population juive. Le 31 décembre 1943, Joseph Darnand succède à René Bousquet ; l’État fort de Vichy est remplacé par un État milicien. Dès lors, les effets des mesures antisémites se renforcent et, au printemps   1944, le déferlement de la répression violente va de pair avec la certitude de la défaite nazie.[15]

Pourtant, la consigne du Consistoire central est de rester à Lyon, de « continuer à vivre le plus normalement possible »[16], une gageure lorsqu’on est considéré comme un paria, que les lendemains se font incertains, qu’on a la peur au ventre pour soi et sa famille. Mais le danger devient palpable à partir de 1943, tous les Juifs de la cité en ont conscience. Si certains changent totalement de vie en entrant dans la clandestinité, d’autres restent malgré les risques. Est-ce par choix, par manque de ressources, de connaissances ou plutôt en raison d’une insuffisante appréciation du danger et de ce qui se trame ?
Le jeudi 22 juin 1944 à 11h 45, Élie Gaston Setbon est arrêté par la Gestapo dans son quartier, alors qu’il traverse le Pont Mouton à Lyon[17]. Construit en 1847, ce Pont se tenait entre la place du Port Mouton et le quai de Serin.

Pont Mouton

Son épouse dira plus tard : « Pendant l’occupation mon mari était resté à Lyon, ne pensant pas qu’il pourrait être appréhendé par la Police Allemande ».[18]
A-t-il été dénoncé en tant qu’israélite ? sûrement, comme l’écrivit son épouse : « […] mon mari fut seul arrêté alors qu’il se trouvait avec 3 autres personnes place du Pont Mouton à Serin »[19].
Élie Gaston est d’abord conduit au siège de la Gestapo 32 place Bellecour. Pour Klaus Barbie, chargé de la répression contre « les ennemis de l’Etat », les ordres sont clairs : d’un côté il doit protéger la Wehrmacht contre les actions de la Résistance, de l’autre il doit participer à la mise en œuvre de la « Solution Finale » sous l’autorité d’Adolf Eichmann.
On présume que Gaston Setbon a été vendu par un certain Richard habitant Lyon et faisant parti de la Guestapo. Un certain Martin (fusillé depuis) n’aurait pas été étranger à cette arrestation[20].

Comme l’écrit Sylvie Altar, « la traque [est] d’autant plus dévastatrice, qu’elle est organisée et très lucrative, chaque arrestation pouvant rapporter entre 2 000 et 10 000 francs au délateur. »[21]
Gaston Setbon est incarcéré au Fort Montluc[22] dès son arrestation, enfermé vraisemblablement dans la ʺbaraque aux juifsʺ, cabane en bois où les juifs étaient entassés.

Emplacement de la ʺbaraque aux juifsʺ [23]

Il est ensuite transféré à Drancy le 3 juillet[24], puis déporté le 31 juillet 1944 au camp de concentration d’Auschwitz. Sans jugement.

Témoignage de Marcel Weyl[25]

Le Docteur Fischer le voit pour la dernière fois le 26 octobre 1944, alors qu’il quitte le camp d’Auschwitz pour être transféré au camp du Stutthof[26]. C’est cette date qui sera retenue par l’administration pour fixer la date du décès. Les circonstances exactes de sa mort ne sont pas connues, mais sont vraisemblablement semblables à celles de la majorité des déportés dans les camps de la mort.

Témoignage du Docteur Fischer

 

Le deuil impossible

Chaque fois, je tente de dire Auschwitz
Mais les mots se dérobent sous moi,
Retirant la terre qui porte ma douleur,
Imposant un silence de mort à ma voix.[27]

 
Le 3 septembre 1944, la ville de Lyon est libérée, mais Maria Setbon ne participe pas à la liesse générale bien qu’elle reprenne un peu espoir.

Lyon libéré[28]

Il faut s’armer de patience en attendant les retours échelonnés des déportés qui apporteront, peut-être, des nouvelles ou quelques renseignements. En 1945, l’annonce de la libération des camps, puis la publication des listes de personnes rapatriées ravivent de folles espérances mêlées d’inquiétude. Mais, les mois passant, l’absence qui perdure est source de détresse et de tracas pour les familles des « Non Rentrés ».
De son domicile quai de Serin, Maria, tout en travaillant comme gérante de magasin pour élever ses enfants, va devoir se battre. Commence un parcours interminable qui débute par une « Demande formulée en vue d’obtenir la régularisation de l’état civil d’un « Non Rentré ». En effet, tant que le décès du déporté n’est pas officialisé et inscrit dans les registres de l’état civil, les familles ne peuvent ni clore la succession ni déposer de dossier pour que le défunt ait un titre (Déporté résistant, Déporté politique ou Interné politique) et donc que la famille ait ses droits reconnus :  la veuve a droit à une pension, les enfants du défunt sont déclarés pupilles de l’État.
Le 13 novembre 1945, Maria envoie une lettre au Service des déportés du ministère de l’Intérieur à Paris pour signaler la déportation de son mari, informer de l’absence de toute « nouvelle officielle ou indirecte » et demander dans quel camp son mari a été déporté afin d’orienter ses recherches. Sa lettre est empreinte d’une grande dignité, bien qu’écrite dans l’urgence car elle doit prendre des décisions pour l’avenir de ses enfants. Le 29 novembre 1945, un courrier du Service des déportés du ministère de l’Intérieur l’informe que toutes les recherches sont entreprises en vue de recueillir des informations. Afin de compléter le dossier, elle doit remplir le formulaire ad hoc, y joindre deux photographies, un extrait d’acte de naissance et un certificat de domicile légalisé. Elle va respecter toutes les étapes : Recherches d’un « Non rentré », Constat de disparition, Jugement déclaratif de décès, Mention Mort pour la France, enfin « Demande d’attribution du titre de déporté politique ».
Ce n’est qu’au terme de neuf longues années de démarches que, le 28 juin 1954, Maria est informée par le ministère des Anciens Combattants et Victimes de guerre que, en vertu de la loi N°52-843 du 19 juillet 1952 relative à l’amélioration de la situation d’anciens combattants et victimes de la guerre, un pécule de 13 200 francs lui est accordé.
Maria Setbon meurt le 9 octobre 1974 à Lyon[29]. Comment a-t-elle vécu les vingt dernières années de son existence ? A-t-elle surmonté le traumatisme de la mort atroce de son époux ? Car la perte d’une personne aimée dans de telles circonstances constitue une véritable rupture, une souffrance que l’absence de tombe ne peut apaiser. Bien souvent, après avoir réalisé la perte de l’être cher, toutes les pensées se retrouvent orientées vers la personne défunte, vers ce que l’on aurait pu faire de plus, vers ce que l’on n’a pas su dire, vers le manque douloureux de la personne disparue. Ce manque est d’autant plus intense qu’il est associé à des souvenirs qui font appel à la mémoire du corps et des sens: le son de la voix, une musique rappelant un moment particulier, un contact par le toucher, des images qui défilent, un simple parfum, ou encore le goût d’un plat apprécié par la personne défunte et partagé avec elle. Il peut alors en résulter des émotions très vives, déstabilisantes, qui replongent vers le passé.
Maria a-t-elle fini par accepter le décès d’Élie Gaston ? A-t-elle réussi à faire des projets d’avenir, sans pour autant oublier son époux ? Sa vie a-t-elle repris un sens, grâce à ses enfants ?

Si nous avions eu une tombe, un endroit où te pleurer, les choses auraient peut-être été plus simples. Si tu étais rentré, diminué, malade, pour mourir comme tant d’autres, car rentrer ne voulait pas dire survivre, nous t’aurions vu partir, nous aurions serré tes mains jusqu’à ce qu’elles soient sans force, nous t’aurions veillé jour et nuit, nous aurions écouté tes dernières pensées, tes murmures, tes adieux […] Et nous t’aurions fermé les yeux en récitant le kaddisch.[30]

 

Références

[1] Henri Borlant, ʺMerci d’avoir survécuʺ, Éditions du Seuil, mars 2011, p.177.
[2] DAVCC, Dossier Déporté politique SETBON Élie Gaston 21 P 538 626.
[3] La Dépêche Tunisienne 24.01.1897.
[4] Voir pour cette période : ʺLes Tunisiens israélitesʺ, in : Paul Sebag, Tunis. Histoire d’une ville, L’Harmattan, Histoire et perspectives méditerranéennes, 1998, pp. 411-416.
[5] Voir les travaux de Sylvie Altar : Être juif à Lyon de l’avant-guerre à la libération (Thèse soutenue à Lyon en 2016) ; ʺÊtre juif à Lyon et ses alentours (1940-1944)ʺ, in : Lyon dans la Seconde Guerre mondiale : Villes et métropoles à l’épreuve du conflit [en ligne]. Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2016 (généré le 29 mars 2020). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/pur/46932>. ISBN : 9782753555808. DOI : https://doi.org/10.4000/books.pur.46932 ;  ʺLes Juifs du Maghreb à Lyon (1900-1945) ʺ dans Archives juives 2020/1 (Vol 53).
[6] Nous avons eu l’occasion de parler de cette famille. Voir : « Le voyage sans retour d’Abraham Albert Boucara »,  http://www.convoi77.org/deporte_bio/abraham-boucara/; « La vie brisée de Laure Cohen », http://convoi77.org/deporte_bio/laure-cohen-nee-taieb/; ʺEn mémoire de Dario Boccaraʺ, http://convoi77.org/deporte_bio/dario-boccara/
[7] Sylvie Altar, ʺLes Juifs du Maghreb à Lyon (1900-1945)ʺ, op. cit. p.18.
[8] Sylvie Altar, idem, p.22.
[9] Archives municipales de Lyon 7°, acte de mariage n°502.
[10] Archives de Haute-Savoie, recrutement d’Annecy classe 1896 fiche matricule n°182 : mention du décès.
[11] Archives départementales du Rhône, Lyon, Quai de Serin, recensement de 1931.
[12] Cité par Sylvie Altar : A. Landau-Brijatoff, Indignes d’être français, dénaturalisés et déchus sous Vichy, Paris, Buchet Chastel, 2013, p. 9.
[13] Voir Sylvie Altar, ʺÊtre juif à Lyon et ses alentours (1940-1944ʺ), op. cit.
[14] Danielle Laguillon Hentati, « Les camps oubliés de la Tunisie (Décembre 1942 – mai 1943) ». Communication faite le 16.12.2017 dans le cadre de la 2ème Session de formation autour de l’exposition sur « L’’Etat trompeur : le pouvoir de la propagande nazie », organisée par le Laboratoire du Patrimoine de la Faculté des Lettres, Arts et Humanités de La Manouba.
[15] Sylvie Altar, ʺLes Juifs du Maghreb à Lyon (1900-1945)ʺ, op. cit. pp.27-28
[16] Sylvie Altar, ʺÊtre juif à Lyon et ses alentours (1940-1944)ʺ, op. cit.
[17] Témoignage de sa veuve, DAVCC, Dossier p.3.
[18] Procès-verbal établi le 7 juin 1951 par André Chosalland, commissaire de police du quartier de Vaise à Lyon, officier de police judiciaire, auxiliaire du Procureur de la République.
[19] Témoignage de sa veuve, DAVCC, Dossier p.3.
[20] Témoignage de Mme Setbon du 30 novembre 1945, transcrit tel quel.
[21] Sylvie Altar, ʺLes Juifs du Maghreb à Lyon (1900-1945)ʺ, op. cit. p.30. Sylvie Altar précise (note 84, p.37) : « La prime augmentait en fonction du nombre de personnes arrêtées. Charles Goetzmann toucha 10 000 francs pour l’arrestation des 13 membres de la famille Touitou (ADMR 394W313, déclaration de Charles Goetzmann dit « Le boiteux » du 9 janvier 1948). »
[22] Archives départementales du Rhône, Montluc 1942-1944, Dossier N°008715.
[23] Source : http://www.patrimonum.fr/montluc/enquete/1_qui-fait-le-patrimoine/3_conserver-et-restaurer/42_les-espaces-remarquables-en-debat-la-baraque-aux-juifs-les-ateliers-le-mur-d-enceinte-et-le-mur-des-fusilles
[24] Les dates du transfert à Drancy varient selon le document : 29 juin (DAVCC, Dossier SETBON p.3) ou 3 juillet (Fiche de recherches).
[25] Témoignage de Marcel Weyl du 15 octobre 1946 DAVCC, Dossier SETBON. Marcel Weyl est arrêté le 24 mai 1944 à Lyon en tant que juif, emprisonné au Fort Montluc jusqu’au 22 juillet 1944, puis transféré à Drancy où il arrive le 24 juillet. Il y est interné jusqu’au 18 août 1944, date à laquelle il est libéré. Son épouse, Jeanne Pouchet, est également arrêtée le 24 mai 1944 à Lyon en tant que « femme d’israélite », emprisonnée à Montluc, puis déportée le 11 août 1944 à Romainville. Elle meurt le 21 février 1945 à Ravensbrück. Sources : Procès-verbal établi par André Chosalland, commissaire de police du quartier de Vaise à Lyon, officier de police judiciaire, auxiliaire du Procureur de la République, suite à l’audition de Marcel WEYL, en date du 8 juin 1951. In : DAVCC, Dossier SETBON. Archives départementales du Rhône, Montluc Dossier n°3975 de Marcel Weyl, Dossier n°4200 de « Jeanne Weyl » ; archives municipales de Lyon 2° 1898, mention du décès sur l’acte de naissance de Jeanne Pouchet.
[26] Témoignage du Dr Fischer du 21 décembre 1945. DAVCC, Dossier SETBON.
[27] Rachel Franco, Auschwitz, le mot impossible, 31 Janvier 2010. http://www.terredisrael.com/infos/17108/
[28] https://numelyo.bm-lyon.fr/BML:BML_01ICO0010157c2ccb9b89b8?&query[0]=serie_s:%22Lib%C3%A9ration%20de%20Lyon,%20septembre%201944%22&sortAsc=idate&hitStart=6&hitPageSize=16&hitTotal=72
[29] Archives municipales de Lyon 2°, mention du décès sur l’acte de naissance n°3273.
[30] Marceline Loridan-Ivens, Et tu n’es pas revenu, Éditions Grasset et Fasquelle, 2015, pp. 59-60.

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بورتريه : مصدره قسم أرشيف ضحايا الصراعات المعاصرة، بمصلحة التاريخ في وزارة الدفاع (فرنسا)

الحياة غير المكتملة لإيلي غاستون سيتبون

1893-1944/الولادة : تونس / الاعتقال : ليون / الإقامة : ليون، تونس

بقلم : دانيال لاغيون هنتاتي

 

أن نجعل من الإبادة الجماعية قضية تخُص اليهود، هو ما آلمني كثيرا. إذا قتلنا الحلّاقين، هل هذا يعني الحلّاقين وحدهم ؟ هل إذا قتلنا سائقي سيارات الأجرة، هل هذا يخص سائقي الأجرة وحدهم ؟ مثل هذه الجريمة هل هي فقط قضية الضحايا والمنحدرين منهم ؟ هذه الذاكرة ألا ينبغي أن تكون جماعية؟[1]
 

لا تدخل قصة إيلي غاستون سيتبون في إطار الاستمرارية. إنها حياة إنسان لم تأت في غسق الشيخوخة. حياة مبتورة، ضحية للقوانين العنصرية لفيشي وللمضايقات النازية.

في زمن السلم

وُلد إيلي غاستون سيتبون في 19 غشت 1893 بتونس[2], عاصمة الوصاية الموضوعة تحت حماية فرنسا منذ 1881. والده رفائيل (حوالي 1863-1928) هو تاجر مستقر برقم 51 زنقة الكنيسة، في قلب المدينة العتيقة بتونس[3], مثلما كان والده إيلي من رفائيل، ووالدته جولي صماما. كانتْ طريق إيلي غاستون مرسومة سلفا، فبعد دراسته، دخل ميدان التجارة.
وإذا كان التونسيون اليهود قد استمروا في لعب دورهم في الاقتصاد التقليدي للمدينة، فقد لعبوا خاصة دورا تزايدت أهميته في الاقتصاد العصري[4]. فهم منفتحون على العالم، وبالمرصاد للمستجدات. يأخذون جزءا فاعلا في تجارة التصدير مثلما في تجارة الاستيراد. يندرج إذن إيلي غاستون في شبكة مبادلات بين تونس وليون، في تيّار تجار يهود آخرين بهذا البلد تحت الوصاية.

ليون، ملتقى رئيسي

منذ النصف الأول من القرن العشرين [5], أصبحتْ ليون منطلق توزيع يُغذي دينامية هجرة بينها وبين شمال إفريقيا. فعاصمة « دي غول » (ويُقصد بها ليون) تمثل مركزا لا يمكن تجاوزه في المبادلات التجارية بسبب موقعها كملتقى جغرافي، ولوفرة الرساميل، وجودة اليد العاملة فيها. مدينة عبور تحظى بشبكة سكة حديدية، مدينة جذبت التجار اليهود التونسيين مثل عائلة بوكارا المستقرة بها منذ بداية القرن العشرين.[6].
وقبيل الحرب العالمية الثانية، كان الحضور اليهودي في فرنسا والذي يمكن تقديره بين 300 ألف و350 ألف شخص، يمثل 0.73 بالمائة من الساكنة الفرنسية. موزّعين في غالبيتهم بين باريس والضواحي، الألزاس واللورين، كانوا أيضا موجودين بالتكتل العمراني بليون. وقد مكّن إحصاء 1936 من التأكد من أن 6.000 إلى 7.000 يهودي كانوا يعيشون في التكتل من بينهم 4.000 بمدينة ليون داخل الأسوار وخاصة في شبه الجزيرة، بينما 2.000 إلى 2.500 يهودي استقروا في فيلوربان.[7].
كانت الأحياء التي استقروا فيها كوسمبوليتية، وهكذا في إطار تعايش وفّر لهم العمل والأمان في ظل الجمهورية الفرنسية انتقلوا من حالة الترحّل إلى حالة الإقامة.

وفي المجمل، فقد انضافت إلى المحرك الاقتصادي للهجرة منطقيات أخرى : التضامن الفاعل للوافدين القدامى، القرب العائلي، التجمع الطائفي الذي يُطمئن الوافدين، والإدارة الفرنسية التي تستقبلهم[8]

وحينما استقر إيلي غاستون سيتبون في ليون عام 1928، كان، قبل ذلك، يشتغل كتاجر للخمور، وتقع ممثليته العامة بالرقم 8 زنقة دي تانور بتونس. قطن خارج المدينة العتيقة وفي قلب الحي الأوروبي، مما يعني أنه بدأ صعودا اجتماعيا حقيقيا.
وتُسجل هذه السنة 1928 انعطافة في حياته، ففعلا استقر نهائيا بفرنسا. كان قاطنا بمدينة ليون رقم 262 زنقة كريكي، حصّل على الجنسية الفرنسية، بناء على قانون عاشر غشت 1927 الذي سهّل شروط التجنيس، وأخيرا تزوج بماريا فرانسيس روغار. حصل الزواج في 11 غشت، [9] بعد أن أُعد عقد الزواج في ثالث غشت 1928 من طرف الأستاذ بيار أنطوان ماري لافيروت، المنحدر من عائلة موثقين في ليون.
وُلدت زوجة غاستون في 15 دجنبر 1900 بليون، التي استقر بها والداها. كان الاثنان ينحدران من سافْوا، والدها جوزيف كلود (1876-1919)، مهنته حدّاد، ووالدتها ماري مايي (1879-؟)[10]) صانعة ملابس. أما الشاهدان على الزواج فهما أوبالدو كونسولو، مستخدم، وإسحاق ابن موسى، صانع أنسجة حريرية.

الاقتصاد الليوني قبيل الصراع

خلال سنوات الثلاثينيات، كان الاقتصاد الليوني في كامل تحوّله. فقد انتهت الصناعة التقليدية لنسيج الحرير بالانهيار، وأصابت أزمة 1929 بالضربة القاضية قطاعا بالغ الضعف بسبب تغيير عادات زبنائه والتنافسيات الدولية الجديدة. لكن هذا القطاع عوّضه النسيج الصناعي، لا رايونْ ، الذي أخذ أهمية كبيرة في الفضاء الحضري الليوني.
من ناحية أخرى، كانت ليون قد نوّعت حظيرتها الصناعية وتوفّرت على العديد من المقاولات كبيرة الحجم، مثل مصانع بيرلي, وشركات ، وشركات مؤتمر المدارس العليا  والشركة الصناعية للتلفونات ، التي اتحدت حينها من أجل خلق أكبر مصنع للأسلاك في فرنسا. وعرفتْ شركات الصناعات الثقيلة قوة متجددة سنة 1938 بفضل طلبات التسليح، وكذا المصانع الكيماوية وخاصة مع   سان غوبان .  ورودياسيتا.
وفي مجال النّقل، كانت ليون مركز تبادل سككي فرنسي أساسي. أهم محطة سككية، وهي محطة بيراش عرفتْ رواجا يوميا قُدر بحوالي 180 قطارا في المتوسط. وفي 1938 مرّ أكثر من مليون طن من السلع من محطات السكة الحديدية بليون، و700 ألف طن من المحطات النهرية، خاصة عبر نهر السّاون .

في هذه الظرفية المواتية جدا، رفع إيلي غاستون، في يوليوز 1929، رأسمال شركته « سيتبون وشركاؤه »، شركة وصية بسيطة، من 300 ألف إلى 400 ألف فرنك. وهي شركة مُختصة في تجارة الخمور بالجملة، مقرها الاجتماعي بليون، جسْر سان فانسان رقم 2 مكرر.

سكن إيلي غير بعيد من هناك في الرقم 15 جسر سوران (يسمى اليوم جوزيف جيلي) في الضفة اليسرى لنهر الساون بليون. إنه حي هادئ، ساكنته مختلطة اجتماعيا : [11] : أُطر (مهندسون، رسامون) لكن كذلك صناع حرفيون، مستخدمون، عمال وعمال يدويون. يتكوّن هذا الحي الكوسمبوليتي خاصة من الفرنسيين، وكذلك من المزدادين بإيطاليا وروسيا، وأيضا بعض الأفراد المنحدرين من بلدان أوروبية أخرى (بلجيكا، سويسرا، إسبانيا، ليتوانيا، بولونيا) ومن شمال إفريقيا (الجزائر والمغرب).
سيزداد عند الزوجين طفلان : نيكول جولييت (1929-2008)، ودانيال رفائيل جوزي (1935-2010). وبذلك اختار إيلي غاستون الاندماج الطوعي وأعطى لطفليه أسماء شخصية « عادية » وبعثهم إلى مدرسة الجمهورية.
فرنسي لأنك قبلت بكل حرية أن تحس بنفسك مأمونا على تاريخ مُعيّن، ومودعا لقيم الجمهورية، وحاملا لمستقبل يتعين بناؤه معا : فحق الأرض أصبح بشكل من الأشكال حق اندماج.[12]

في زمن الحرب

حينما اندلعت الحرب، لم يغادر إيلي غاستون، مثل الكثير من أبناء جلدته، مدينة ليون، لأنها كانت في نفس الوقت مدينة ملجأ ومركز ا لليهودية الفرنسية[13],لكنها ستتحول إلى مصيدة. مصير يهود المغرب العربي يختلط مع مصير كل يهود فرنسا وكذا في المستعمرات بإفريقيا الشمالية في تلك الفترة.[14]

وبدءا من خريف 1940، طبّقت ليون بشكل دقيق السياسة المعادية للسامية لنظام فيشي. سياسة الدولة هاته تدعّمت سنة 1943 بنشاط الجستابو ورئيسها كلوس باربي.
الاعتقالات الجماعية وغارات الشرطة التي يقوم بها الألمان منذ فبراير، المدعومة من طرف تابعيهم الفرنسيين مثل بول توفيي تُقصر من مجال عيش الساكنة اليهودية. ففي 31 دجنبر 1943، حلّ جوزيف درنان مكان روني بوسكي، وعُوضت الدولة القوية لفيشي بدولة ميليشيات. ومن يومها تقوّت تبعات الإجراءات المعادية للسامية. وفي ربيع 1944 أصبح طغيان القمع الشديد يسير بموازاة مع اليقين بهزيمة النظام النازي.[15]

مع ذلك فإن تعليمات المجْمع اليهودي كانت هي البقاء في ليون و »مواصلة العيش بشكل عادي قدر الإمكان »،[16], وهو فعلا رهان حين يعتبر المرء منبوذا، وتكون الأيام القادمة غير مؤكدة، مع إحساسه بالخوف على النفس وعلى العائلة. ولكن الخطر سيصبح ملموسا ابتداء من 1943، كان جميع يهود المدينة واعين بذلك. وإذا كان البعض قد غيّروا حياتهم بصفة كلية بعدما دخلوا في السرية، فقد بقي آخرون في مكانهم بالرغم من الأخطار. هل كان ذلك اختيارا، أم لقلة الموارد، أم نقصا في المعرفة، أم بسبب تقدير غير كاف للخطر، ولما كان يُحاك؟
وفي يوم الخميس 22 يونيو 1944 على الساعة 11.45 أُلقي القبض على إيلي غاستون سيتبون من طرف الجستابو في الحي الذي يسكن به عندما كان يقطع جسر موتون بليون. هذا الجسر المشيّد سنة 1847 كان يوجد بين ساحة مرسى موتون وجسر سوران. [17]

جسر موتون

جسر موتون
صرحت زوجة إيلي فيما بعد : « خلال الاحتلال بقي زوجي في مدينة ليون، دون أن يراوده التفكير في إمكانية القبض عليه من طرف الشرطة الألمانية »، [18]
فهل تمت الوشاية به كيهودي ؟ بالتأكيد، كما كتبتْ ذلك زوجته (…) « زوجي ألقي عليه القبض وحده بينما كان مع ثلاثة أشخاص آخرين في ساحة جسر موتون بسوران ».[19]
تمّ اقتياد إيلي غاستون أولا إلى مقر الجستابو الكائن برقم 32 ساحة بيلكور. بالنسبة لكلوس باربي, ، المكلّف بقمع « أعداء الدولة »، كانت الأوامر واضحة : فمن جهة، كان عليه أن يحمي الجيش الألماني من عمليات المقاومة، ومن جهة أخرى أن يشارك في تنفيذ « الحل النهائي » تحت قيادة أدولف إيشمان.
ونحن نفترض بأن غاستون سيتبون تمت الوشاية به من قبل المسمّى ريشار القاطن بليون والعضو بالجستابو. كما أن المسمى مارتان (الذي تمت تصفيته بالرصاص) لم يكن على ما يبدو غريبا عن اعتقال سيتبون.[20]

ومثلما كتبت سيلفي ألتار : « الترصد بقدر ما كان مُدمرا، فقد كان مُنظما ومربحا لأن كل اعتقال كان يمكن أن يجلب ما بين 2.000 و10 آلاف فرنك للواشي ».[21]
سُجن غاستون سيتبون بحصن مونتلوك [22] منذ اعتقاله، وحُبس على ما يبدو في « عنبر اليهود » ، وهو كوخ خشبي كان يكدس فيه هؤلاء.

.

موقع « عنبر اليهود » [23]

بعد ذلك تمّ تنقيل غاستون إلى درانسي في ثالث يوليوز[24]، ثم رُحل يوم 31 يوليوز 1944 إلى معسكر أوشفيتز دون محاكمة.

شهادة مارسيل وايل[25]

رأى الدكتور فيشر، غاستون لآخر مرة يوم 26 أكتوبر 1944حينما كان يغادر معسكر أوشفيتز ، ليتم نقله إلى معسكر ستوتهوف[26]. وقد اعتُمد هذا التاريخ من طرف الإدارة كتاريخ للوفاة. لكنْ تبقى الظروف الحقيقية لوفاته غير معروفة، وإن كانت لا تختلف في الغالب عن غالبية المرحّلين نحو معسكرات الموت.

شهادة الدكتور فيشر

الحداد المستحيل

في كل مرة، أحاول أن أقول أوشفيتز.
لكن الكلمات تهرب من تحتي.
جاذبة الأرض التي تحمل ألمي،
فارضة صمت الموتى على صوتي.
[27]

 
في ثالث شتنبر 1944، حُررت مدينة ليون، لكن ماريا سيتبون لم تشارك في الفرحة العامّة علما بأنها استعادت بعض الأمل.

ليون بعد تحريرها[28]

ينبغي التسلح بالصبر في انتظار مواعيد عوْدة المرحلين الذين قد يأتون، ربما، بأخبار أو ببعض المعلومات. في 1945، بعد الإعلان عن تحرير المعسكرات، ثم نشر لوائح الأشخاص الذين تمّت إعادتهم، مما أشعل آمالا كبيرة ممزوجة بالقلق. لكن، مع مُضي الشهور، أصبح الغياب الذي يدوم مصدر تعاسة و ارتباك بالنسبة للعائلات التي لم يرجع أفرادها.
ومن بيتها في جسر سوران، كان على ماريا أن تكافح وهي تشتغل مُسيرة متجر، لتوفير العيش لأطفالها. هكذا يبدأ مسار لا ينتهي، يبدأ بتقديم « طلب قصد تسوية الحالة المدنية لشخص لم يرجع »، فما دامت وفاة مرحّل لم يتم ترسيمها وتقييدها في الحالة المدنية فلا تتمكّن العائلات من إنهاء قضايا الإرث ولا من وضْع ملف تخويل المتوفّى صفة « مرحّل مقاوم، مرحل سياسي، أو سجين سياسي). ولا من حصول العائلة على حقوقها المعترف بها : كأنْ تحصل الأرملة على معاش، وأن يُعتبر أطفال المتوفّى ربيبي الأمة.
في 13 نونبر 1945 أرسلتْ ماريا رسالة إلى مصلحة المرحّلين بوزارة الداخلية في باريس للإبلاغ عن ترحيل زوجها، والإخبار عن غياب أية « معلومة رسمية أو غير مباشرة، وطلب معرفة إلى أي معسكر رُحل زوجها حتى تستطيع توجيه أبحاثها. كان يطبع رسالتها قدر كبير من عزة النفس، رغم كتابتها باستعجال، لأنه كان عليها أن تتّخذ قرارات لمستقبل أطفالها. وفي 29 نونبر 1945، توصلتْ برسالة من مصلحة المرحّلين بوزارة الداخلية تخبرها بأن كل الأبحاث قد بوشرت لجمع معلومات. وحتى تستكمل ملفها فقد كان عليها ملأ المطبوع الخاص، وإرفاقه بصورتين، ونسخة من عقد الازدياد، وشهادة السكنى مصادق عليها. وقد احترمت كل المراحل : البحث عن متغيب، معاينة اختفاء، حكم التصريح بالوفاة، صفة متوفّى من أجل فرنسا، وأخيرا طلب منْح صفة مرحّل سياسي ».
وكان لا بد من انتظار تسع سنوات طويلة من الإجراءات، لتُخبر وزارة قدماء المحاربين وضحايا الحرب ماريا، يوم 28 يونيو 1954، بأنه، بناء على قانون رقم 843-52 بتاريخ 19 يوليوز 1952 المتعلق بتحْسين وضعية قدماء المحاربين وضحايا الحرب، فقد منحتها الوزارة مساعدة مالية بمبلغ 13.200 فرنك.

ُتُوفيت ماريا سيتبون يوم تاسع أكتوبر 1974 بليون[29]. كيف عاشت العشرين سنة الأخيرة من حياتها ؟ هل تغلبتْ على صدمة الموت البشع لزوجها ؟ لأن ضياع شخص محبوب في مثل هذه الظروف يُمثل قطيعة حقيقية، وما لا يمكن أن يُخفف منه غياب قبر للفقيد. وغالبا، بعدما نستوعب فقدان شخص عزيز، جميع الأفكار سنجدها تتوجه نحو الشخص المتوفّى، نحو ما كان علينا أن نقوم به أكثر، نحو ما لم نستطع قوله، نحو الغياب المؤلم للشخص المفقود. هذا الغياب هو من العمق لكونه مقرون بذكريات تستدعي ذاكرة الجسد والحواس: نبرة صوته، موسيقى تُذكر بلحظة معينة، اتصال باللمس، صور تمُر، مجرد رائحة، أو كذلك مذاق صحن مُفضل عند الشخص المتوفّى والمتقاسم معه. يمكن حينها أن تنتج عن ذلك أحاسيس جد يقظة، مزعزعة للاستقرار، والتي تعود للغوص في الماضي.

فهل انتهت ماريا بقبول وفاة إيلي غاستون ؟ هل نجحتْ في وضع مشاريع للمستقبل، دون أن تنسى زوجها ؟ هل، بفضل أطفالها، استرجعتْ حياتها معنى ؟

 

لو كان لدينا قبر، مكان لنبكيك، ربما كان يمكن للأشياء أن تكون أكثر بساطة. لو كنت رجعت، متضائلا، مريضا، لتموت مثل آخرين كثيرين، لأن الرجوع لم يكن يعني البقاء، كنّا سنراك وأنت تغادرنا، وكُنا سنضغط على يديك حتى تفقد قوتها، أو كُنا سهرنا إلى جانبك نهارات وليالي، وكنا استمعنا لآخر توصياتك، همساتك، وتوديعاتك (…) ولكُنا قد أغلقنا عينيك ونحن نقرأ الكاديش.[30]

 

Contributeur(s)

Danielle Laguillon Hentati

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