Tauba GOLDSTEIN

1920 - 1944 | Naissance: , | Arrestation: |

Biographie de Tauba GOLDSTEIN née à Copenhague

 
Par les élèves de la classe de Seconde 2, 2017-2018, du Lycée Français Prins Henrik de Copenhague (Danemark)

Premiers pas dans le projet Convoi 77

Convoi 77 est un projet initié par l’association du même nom et reconnu par l’Union Européenne. Il concerne le dernier convoi de Juifs déportés de Drancy à Auschwitz-Birkenau, celui du 31 juillet 1944. Dans certaines écoles en France et en Europe, des lycéens ont été chargés de faire des recherches sur un homme, une femme ou un enfant juif déporté dans ce convoi pendant la Shoah, de retracer sa vie et de reconstituer sa biographie.

Notre classe, la Seconde 2 du Lycée Français Prins Henrik de Copenhague, a effectué des recherches sur Tauba Goldstein, également prénommée Thérèse. Nous ne possédions que très peu d’informations pour nous aider à amorcer nos recherches, seulement son lieu et sa date de naissance et de déportation. Nous ne savions pas où ce projet allait nous mener, ni s’il allait aboutir. Avec l’aide du blog de Michelle Goldstein, la nièce de Tauba, nous avons trouvé nombre d’informations sur sa famille, ce qui nous a permis de composer au fur et à mesure son arbre généalogique qui a été un outil très important pour orienter et concentrer au mieux nos recherches (cf. document A).

Le travail a été réparti dans la classe de sorte que certains élèves ont fait des recherches sur des sites Internet, d’autres ont trouvé des personnes et des organisations auxquelles demander des informations supplémentaires, telles que le Mémorial de Drancy, les Archives du Mémorial de la Shoah et l’Association des Fils et Filles des Déportés Juifs de France, dont le président, Serge Klarsfeld, nous a été d’une aide précieuse.

Tauba Goldstein et sa famille

Nous avons eu accès aux registres de l’État civil de Copenhague (Danemark), datant d’avant la Première Guerre mondiale (cf. document B). Ce registre nous a fourni des informations sur toute la famille Goldstein lors de son séjour au Danemark. Selon le registre de l’État civil, Samuel Goldstein, né le 3 novembre 1878, en Russie, serait arrivé en 1910 au Danemark en provenance de Pologne (la Pologne était alors sous souveraineté russe). Toujours selon le registre, il était de confession juive et il fut enregistré sous la profession de tailleur. Les mêmes informations sont indiquées pour son épouse ainsi que pour les huit premiers-nés de la famille. Il n’y a aucune mention sur Tauba Goldstein : elle n’est alors pas encore née.
En effet, Tauba Goldstein (cf. document C) est née le 17 avril 1920 à Copenhague, de deux parents juifs : Samuel Goldstein et Jochebed Lebovitsch. Ses parents ont déménagé de nombreuses fois durant leur jeunesse. Dans les années juste après leur mariage, en 1907, ils ont eu trois enfants à Lodz, en Pologne : Isaac, Wolf et Gita. Cependant, Samuel Goldstein a dû émigrer au Danemark pour, peut-être, fuir la conscription dans l’armée du Tzar de Russie entre 1910 et 1914. Pendant cette période de leur vie, leurs enfants Tobias, Kopel, Elieser, Hanna-Léa, Herman et Tauba ont vu le jour. Ils ont ensuite séjourné à Berlin en 1922 lorsque Feiga est née. Finalement, ils se sont installés à Paris en 1923, puis Anna, Louise, Georges et Joseph sont venus au monde.

Tauba, dite Thérèse, une jeunesse qui reste obscure

Thérèse ne s’est pas mariée, et n’eut pas d’enfants. Nous n’avons aucune information sur son enfance, ses études, sur les raisons de son déménagement à Paris. Cependant d’après l’association Fils et Filles des Déportés Juifs de France, l’adresse qu’elle a donnée lors de son entrée au camp est le 10 rue des Deux-Ponts, Paris 4e. (cf. document D) Cette adresse correspond à celle de la fondation juive Fernand Halphen, qui date de 1926, et qui avait installé une cinquantaine de logements aux loyers modestes destinés à des familles nombreuses.
D’après le site de Michelle Goldstein, Thérèse aurait fréquenté l’école Poulletier située dans le 4e arrondissement de Paris (18 rue Poulletier). Cette école a été construite entre 1903 et 1904 et a toujours été une école malgré les deux guerres mondiales. Pourtant pendant la Première Guerre, elle aurait été incendiée puis reconstruite en 1923 comme infirmerie. L’école a recommencé son activité en 1928 et aurait eu Tauba Goldstein comme élève, ainsi que sa cousine, l’établissement étant situé à 200 mètres du logement des Goldstein. Malheureusement l’école n’ayant pas retrouvé les archives de cette période, on ne peut confirmer la véracité de ces informations. (cf. document D)
Sur un document (cf. document E), Thérèse a déclaré être couturière mais sur la liste des entrées à Drancy, elle figure parmi les membres du personnel du centre d’enfants de Lamarck, (cf. document E) géré par l’Union Générale des Israélites de France (UGIF). Elle y exerçait une profession du type femme de ménage, infirmière, cuisinière ou monitrice (cf. document D). L’Union Générale des Israélites de France s’est installée dans l’École juive Lucien de Hirsch, en 1944, en raison du bombardement du centre d’enfants de Lamarck (cf. Document D). L’UGIF a été créée en 1941 par le gouvernement de Vichy à la demande des Allemands afin de représenter les Juifs de France. L’organisation est située dans le 18e arrondissement de Paris. Elle  reprend par la suite des centres pour enfants sous le contrôle notamment de la Gestapo et du Commissariat Général aux Questions juives.

L’arrestation et le transit au camp de Drancy

Tauba Goldstein est arrêtée le 22 juillet 1944 et transférée au camp d’internement de Drancy le jour même. Drancy est un camp de transit, situé au nord-est de Paris dans la région Île-de-France, donc dans la zone occupée de la France. C’est un ensemble immobilier inachevé, d’abord réquisitionné par la Wehrmacht pour interner des prisonniers de guerre. À partir de 1941, les premières grandes rafles contre les Juifs ont lieu et les prisonniers sont envoyés à Drancy avant d’être déportés vers la Pologne. Le camp de Drancy est un bâtiment créé à l’origine, dans les années 1930, pour faire des logements sociaux, et appelé la Cité de la Muette. Le bâtiment est une longue bâtisse en forme de U à angles droits. On trouve, à l’intérieur du U, une grande cour.
D’août 1941 à août 1944, le camp d’internement de Drancy est le centre principal de la déportation des Juifs de France et est utilisé pendant trois ans comme principal lieu de départ de la France vers les centres de mise à mort nazis. La majorité des convois partaient pour Auschwitz. Neuf Juifs déportés de France sur dix sont passés par le camp de Drancy. Les gardes français ont fait preuve d’une grande brutalité vis-à-vis des prisonniers en leur faisant subir de mauvais traitements.
Il existe de nombreux témoignages des Juifs internés dans le camp. Les conditions de vie y étaient difficiles par manque d’hygiène, de soins et de nourriture. Pendant ses trois années d’existence, le camp de Drancy s’est trouvé sous les directions successives de Theodor Dannecker, Heinz Röthke et Alois Brunner, trois SS. Le camp était gardé par des gendarmes français, installés dans les « gratte-ciel » derrière le bâtiment en U où étaient internés les prisonniers. Son fonctionnement était sous le contrôle du Service des affaires juives de la Gestapo.

Déportation et mise à mort à Auschwitz

D’après les informations données par Michelle Goldstein, le matricule de Thérèse à Drancy était le numéro 25450 et sa classification était B+, ce qui signifiait qu’elle était déportable. Elle fut donc déportée vers le centre de mise à mort d’Auschwitz-Birkenau, situé en Pologne, le 31 juillet 1944, à bord du convoi 77, dernier convoi parti de Drancy en 1944, avec à son bord 1321 déportés. Thérèse arrive à destination le 5 août 1944 et est aussitôt assassinée dans les chambres à gaz. D’après Michelle Goldstein, sa nièce, avec qui nous avons échangé des e-mail, Tauba n’aurait jamais dû être gazée, dans la mesure où les nazis gazaient les femmes accompagnées d’enfant et qui ne s’en séparaient pas. Comme Thérèse était célibataire, qu’elle n’avait pas eu d’enfant, elle aurait dû être sélectionnée pour le travail forcé. Elle était avec sa belle-sœur, l’épouse de son frère Wolf, et leurs deux enfants, ainsi que trois autres neveux et nièces. Son frère Wolf qui était dans le même convoi que Thérèse, a été sélectionné et est revenu de cet enfer.

Sur les traces de Thérèse Goldstein

Nous avons commencé par écrire à Michelle Goldstein qui est la nièce de Thérèse Goldstein. Nous lui avons envoyé un e-mail afin d’obtenir des informations supplémentaires sur la vie de sa tante. Nous avons eu une réponse très positive de Madame Goldstein qui nous a donné des numéros de téléphone à appeler, des photos ainsi que de nombreuses archives sur la vie de Thérèse. Suite au mail de Madame Goldstein nous avons appelé Monsieur Samuel Adoner qui malheureusement n’a pu donner aucune information sur Thérèse. Par la suite, nous avons pu contacter le frère de Thérèse, Joseph Goldstein, qui lui non plus n’a pas pu nous donner de nouvelles informations, mais nous a redirigés vers les archives du Mémorial de Drancy que nous avons contacté. C’est finalement le Mémorial de la Shoah, par l’intermédiaire de Madame Sabrina Vahldiek, qui nous a adressé la fiche d’arrestation de Thérèse (cf. document E). De plus, Monsieur Serge Klarsfeld nous a aimablement écrit et envoyé des documents (cf. document D et annexe 9) lorsque nous avons sollicité l’association des Fils et Filles des Déportés Juifs de France (FFDJF).

Documents

  • Document A : Arbre généalogique de la famille Goldstein
  • Document B : Registre d’État civil de la famille Goldstein (établi à leur arrivée au Danemark)
  • Document C : Thérèse (Tauba) Goldstein, photographie fournie par sa nièce Michelle Goldstein
  • Document D : Lettre de Serge Klarsfeld en réponse à nos questions adressées à l’association Fils et Filles de Déportés Juifs de France
  • Document E : Fiche (UGIF) de déclaration de l’internement de Thérèse Goldstein
  • Document F : Liste (UGIF) de personnes arrêtées dans laquelle figure le nom de Thérèse Goldstein

Annexes

  • Doc 1 : Photographie d’avant-guerre de Anna Goldstein dans un groupe (la 5e en haut à partir de la gauche, avec un haut blanc)
  • Doc 2 : Portrait de Bernard Goldstein, fils aîné de Wolf Goldstein et Sonia Smiliansky.
  • Doc 3 : Portrait de Daniel Goldstein, fils de Wolf Goldstein et Sonia Smiliansky.
  • Doc 4 : Portrait de Dora Bender, fille de Gita Goldstein et Joseph Bender.
  • Doc 5 : Portrait de Isaac Goldstein et sa femme Ida Menakovski.
  • Doc 6 : Portrait de Jacques et Mina Bender, enfants de Gita Goldstein et Joseph Bender.
  • Doc 7 : Portrait de Joseph Goldstein.
  • Doc 8 : Photographies de Kopel Goldstein.
  • Doc 9 : Livret fourni par M. Serge Klarsfeld, où l’on retrouve le nom des enfants déportés et gazés à Auschwitz, dont Dora, Jacques et Jean Bender, enfants de Gita Goldstein et Joseph Bender.
  • Docs 10 et 11 : Photographies de la maison de la famille Goldstein à Copenhague.
  • Doc 12 : Portrait de Marie Goldstein.
  • Doc 13 : Portrait de profil de Tauba (Thérèse) Goldstein.
  • Doc 14 : Portrait de Wolf Goldstein.

 

Sources et remerciements

Même si nos recherches n’ont pas toujours été fructueuses, nous sommes très reconnaissants à toutes les personnes suivantes pour leur aimable coopération. Nous remercions :

 

Contributeur(s)

les élèves de la classe de Seconde 2 du Lycée Français Prins Henrik de Copenhague (Danemark), sous la direction de Marine Lechat et Vincent Terrasson, leurs professeurs

Reproduction du texte et des images

Toute reproduction même partielle d'une biographie doit donner lieu à un accord préalable par écrit de l'association. Pour demander une autorisation, merci de remplir le formulaire ci-dessous : Formulaire

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10 commentaires
  1. […] avons le plaisir de vous adresser par ce lien (http://www.convoi77.org/deporte_bio/tauba-goldstein/), le résultat du travail de recherche des élèves de 2nde 2 en enseignement d’exploration. […]

  2. Bruno Descubes, Documentaliste au CDI du lycée Prins Henrik de Copenhague 6 ans ago

    Félicitations pour cet excellent travail de recherche !

  3. KLEJMAN 6 ans ago

    Excellent travail! Existe-t-il à Copenhague des archives sur la surveillance des etrangers , notamment pendant la 1re gm, même si le Danemark était neutre?

  4. klejman laurence 6 ans ago

    Tauba, ou plutôt Thérèse puisque c’est ce prénom que donne sa mère dans les papiers qu’elle remplit pour constituer un dossier pour le ministère des Anciens Combattants, occupait la fonction d’infirmière de la garderie, avenue Sécrétan, auprès des enfants dans cet établissement de l’UGIF où ils ont tous été arrêtés.
    Auparavant, elle était domiciliée chez ses parents, dans l’ile St Louis, qui vivent toujours au 10-12 rue des Deux-Ponts après la guerre. (dossier 21 P 457 035 CAEN

  5. chaumery marie jose 5 ans ago

    bonsoir,
    Je souhaitais contacter par Mail ( non blog) Mme Michelle Goldstein pour une recherche majeure. En effet sur la photo intitulée  » mariage de Raymonde » il y a un homme jeune ( 3eme rang en partant du haut, second) qui ressemble étrangement à un homme dont je possede une photo . On m’a toujours dit qu’il aurait un lien de parenté et des origines plus ou moins proches slaves. Je voudrais soumettre à Mme Michelle Goldstein un copie de cette photo, est ce possible ? merci . Marie jose chaumery ( prénon d’origine Ghislaine). Je ne trouve pas son site mail.est ce possible de lui transmettre ma demande ? Merci
    jeanchaumery@club-internet.fr

  6. Michelle Goldstein 5 ans ago

    J’ai vu qu’une personne désirait me contacter.J’ai envoyé un mail
    klejman laurence: Tauba-Thérèse n’a jamais été infirmière.Elle se protégeait à l’UGIF,comme beaucoup d’enfants.Vu son âge, elle a juste aidé
    klejman laurence: Les prénoms ont tous été francisés de leur plein grès pour se fondre dans la population française
    Michelle Goldstein, nièce de Tauba-Thérèse

  7. Michelle Goldstein 5 ans ago

    Bonjour
    Je désirerais obtenir les documents Danois concernant ma famille svp: Document B: Public records register of the Goldstein family’s civil status (established upon their arrival in Denmark)

  8. Auteur
    Serge Jacubert 5 ans ago

    Chère madame Goldstein,
    votre demande a été transmise aux enseignants du lycée Prinz Henrik du Danemarrk. Bien à vous.
    Serge Jacubert

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